Choisir d'être mère (ou pas).
#7 Où je partage mon cheminement personnel sur le sujet universel de la maternité
Hello à tous et toutes,
J’espère que vous allez bien.
Dans cette édition, j’avais envie de vous parler d’un sujet qui a une résonnance particulière pour moi en ce moment : la maternité.
Je ne sais pas bien par où commencer cette newsletter car j’ai toujours perçu ce sujet avec beaucoup d’ambivalence.
Devenir mère, un jour, n’a jamais été une évidence, pour moi, au contraire.
J’ai grandi avec une mère qui m’a parlé de la maternité avec des étoiles dans les yeux. Elle a eu 5 enfants (mes 4 demi frères) et pour elle, la maternité a été un accomplissement.
Pour moi, le sujet a été plus épineux.
Dans le début de ma vingtaine, je pensais ne jamais vouloir d’enfant.
Il faut dire qu’à 19 ans, j’ai découvert Simone de Beauvoir, puis j’ai dévoré ses écrits. Et sa vision sur le sujet est, pour ainsi dire, assez tranchée. Pour elle, la maternité est avant tout une aliénation.
Pour Simone de Beauvoir, la grossesse est l’aliénation pure : « habitée par un autre qui se nourrit de sa substance », la femme enceinte est ramenée au rang d’une « femelle » qui « abdique au profit de l’espèce » (Le Deuxième Sexe, 1949)
Et c’est ce que j’ai pensé pendant de nombreuses années, au moins jusqu’à mes 26/27 ans.
Je n’en voulais pas. Je voulais pouvoir être libre et vivre ma vie. Que rien ne me freine.
Et puis il y a 5 ans environ, j’ai eu envie de creuser à nouveau ce sujet.
J’ai écouté de nombreux podcasts : la Matressence, Bliss, et je me suis prise à penser : “Et si finalement.. dans quelques années..”
A ce moment là, ma vision était claire. Je voulais m’assurer que si je faisais le choix d’avoir des enfants, ce serait un “vrai choix intentionnel” et non pas un choix fait par convention sociale.
On demande souvent aux personnes qui ne veulent pas d’enfant pourquoi elles n’en veulent pas. Mais peu de personnes qui en veulent se demandent vraiment pourquoi elles en veulent.
Moi, j’avais envie de pouvoir répondre à cette question, sans me mentir.
Alors j’ai lu les livres d’Elisabeth Badinter et notamment “Le conflit, la femme et la mère”, j’ai lu “Choisir d’être mère” de Renée Greusard pour me construire une vraie opinion sur le sujet, en “connaissance de cause”. Car oui Renée Greusard décrit la maternité dans une totale transparence. Après l’avoir lue, je crois que l’on sait à quoi s’attendre (même si bien sûr il faut encore le vivre pour le savoir).
J’ai commencé ces lectures au moment où l’on commençait aussi à parler davantage du post-partum notamment via le mouvement lancé par Illana Weizman. J’ai lu “Ceci est mon post parthum”.
Je voulais en quelque sorte savoir pour quoi j’allais signer.
Pour le meilleur, comme le pire.
J’ai même lu “Lâchez-nous l’utérus” de Fiona Schmidt qui est une journaliste qui fait partie du mouvement “no kids”. Je voulais entendre et lire les arguments d’une personne qui ne veut pas d’enfant. D’ailleurs, je recommande grandement son livre (que l’on veille ou non des enfants) qui est une pépite.
Raconté comme cela, vous vous demandez peut-être où est l’émotion, la beauté de porter et donner la vie, transmettre, la “transcendance”en quelque sorte de la maternité ?
Oui c’est assez étrange mais j’ai eu besoin, en quelque sorte, de me couper de mes émotions sur ce sujet, pendant quelques années, pour analyser, comprendre, rationnellement, froidement.
Moi qui suis une personne extremement intuitive, je ne me voyais pas prendre cette décision qui changerait ma vie à tout jamais sur la seule base de l’intuitition.
Mais finalement ce ne sont pas les livres qui m’ont apporté ma réponse mais une discussion avec une amie d’amie à une soirée. Elle m’a dit cette phrase qui m’a beaucoup marquée : “Finalement être mère pour moi, c’est comme avoir ma vie d’avant, mais en mieux”.
Je crois que pour moi cette phrase a été libératrice car elle m’a fait réaliser que je ne devrais pas forcément renoncer. Que l’aliénation que j’associais à la maternité n’avait peut-être pas lieu d’être.
Que plutôt que de me priver de mon identité, la maternité pourrait me permettre “d’enrichir” mon identité, d’être plusieurs en une finalement.
Progressivement des amies autour de moi ont commencé à avoir des enfants et a m’en parler. Et un jour, j’ai su. J’ai su que j’avais trouvé ma réponse.
Alors oui, je n’ai jamais rêvé d’être mère. C’est vrai et j’ose le dire sans honte.
Je pense même que je le dirai à mon fils.
Mais aujourd’hui, je suis très impatiente de le devenir.
Dans une prochaine édition de ma newsletter, je parlerai davantage de mon organisation en tant qu’entrepreneure pour profiter au mieux de cette période de mon congé maternité.
“Peut-on consentir à la maternité si on ne sait même pas de quoi elle est faite ?
Renée Greusard, journaliste et autrice
PS : Je tiens à préciser que dans mon cheminement personnel je suis arrivée à la conclusion que j’avais envie d’avoir des enfants mais je ne cherche pas à faire ici une démonstration pour prouver que c’est “la bonne voie”, la décision à laquelle on devrait toutes arriver. Je respecte infinimment le choix de celles et ceux qui ne veulent pas avoir d’enfants, d’autant plus que je comprends très bien cette décision pour l’avoir longtemps partagée.
PS 2 : Un pensée également pour celles et ceux qui ne parviennent pas à avoir un enfant car, j’ai bien conscience, qu’il ne suffit pas de choisir ou pas d’être mère/père pour le devenir.
Mes coups de cœur culturels du mois :
Parce que la culture augmente le plaisir
Ce mois-ci j’ai visité l’exposition du Musée des Arts Décoratifs de Paris sur la naissance des Grands Magasins. J’ai adoré cette plongée dans l’histoire de ces lieux fascinants pour mieux comprendre la révolution commerciale, sociale et culturelle qu’ils ont apporté.
J’ai également eu la chance de réaliser une visite privée de la galerie Dior de l’Avenue Montaigne qui propose un superbe panorama du patrimoine de la Maison de Couture. La visite est accessible en réservant en ligne et il est même possible de se rendre dans le café Dior pour une petite pause sucrée.
Coup de coeur également ce mois-ci pour le lieu “Maison Empereur” la plus vieille quincaillerie de France que j’ai découverte à l’occasion d’un week-end à Marseille. Si comme moi, vous aimez la déco, ce lieu est incroyable. Et la bonne nouvelle pour les parisiennes et parisiens c’est que Maison Empereur est présente sous forme de pop-up au Bon Marché Rive Gauche le temps de l’exposition “Tous Fadas sur la Rive Gauche” qui célèbre Marseille et plus largement le Sud de la France.
Mon coup de cœur féministe :
J’ai eu un coup de coeur pour le livre “3 mois sous silence” de Judith Aquiem. Judith Aquiem pose des mots sur les maux du 1er trimestre de grossesse. Le sous titre de son ouvrage est "Le tabou de la condition des femmes en début de grossesse” et il décrit bien le propos du livre - dénoncer les injonctions qui pèsent sur les femmes et qui les invitent à “se taire” pendant le premier trimestre de grossesse. Malgré les difficultés émotionnelles et physiques, on nous demande de garder tout cela pour nous et ne rien laisser transmettre. Personnellement, j’ai fait le choix de parler très tôt de ma grossesse à mes proches. J’ai informé certaines de mes amies à seulement quelques jours de grossesse car je ne me voyais pas traverser cette période “seule” sans pouvoir la partager avec d’autres femmes qui me comprennent. Cet ouvrage est nécessaire car oui, les femmes ont le droit d’être soutenues dès les premiers jours de leur grossesse.
Mon coup de cœur slow life :
J’ai participé à une retraite de yoga pré-natal le mois dernier et je n’avais pas encore eu l’occasion d’en parler par ici. Pourtant, c’est une expérience que j’ai adoré. Je rêvais depuis déjà plusieurs mois de m’offrir cette parenthèse bien-être sans trouver, pour autant, le bon moment ou la bonne opportunité pour me lancer. Finalement, c’est via ma professeure de yoga pré-natal, Clarisse Ernoux, que j’ai découvert Une et j’ai embarqué pour un week end en Bourgogne parfait en tout point : lieu ressourçant, cours parfaits, ateliers autour de la maternité vraiment intéressants, nourriture saine et excellente. Je suis revenue sur un petit nuage.
Mes actualités :
Ce mois-ci j’ai eu l’opportunité de répondre à une interview pour le numéro de Juin de Marie Claire. C’était l’occasion de parler de la dernière note que j’ai co-écrite avec Lucile Peytavin pour la Fondation des Femmes sur le sujet du coût du divorce. Pour Marie Claire, je suis revenue en particulier sur le sujet de la mono-parentalité et tous les challenges financiers qui se posent pour les mères célibataires. Vous pouvez retrouver mon interview dans le numéro en kiosque.
Ma petite joie du Mois - Ce qui fait le sel de ma vie (et peut-être aussi de la tienne ?)
Ce mois-ci, j’ai commencé à penser la décoration de la chambre de mon bébé : j’ai réalisé plusieurs moodboard d’inspiration et on a commencé à penser aux travaux. En tant que fan de déco (je me répète), je crois que décorer une chambre d’enfant est un des plus grands plaisir. L’inspiration est clairement issue de mes dernières vacances dans les Cotswolds - ce sera cottage anglais.
Sur ces notes british, je vous souhaite une belle fin de mois de Mai, j’espère bientôt plus ensoleillée !